Les ratissages...
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Et l'on verra dans les premiers mois de la guerre d'Algérie, alors même que Cherrière aura quitté son poste, ces gigantesques opérations ratisser un massif impénétrable. On leur donnera même, dans l'argot de la guerre d'Algérie, un nom. On les appellera les circuits touristiques. Ils démontreront à quel point les premiers chefs militaires de cette guerre pas comme les autres se sont trompés. Le processus sera toujours le même.
On organisera en grand secret à l'état-major d'Alger une opération mirifique du type peigne fin. On enverra des télégrammes chiffrés à tous les responsables locaux qui, avec leurs unités, participeront à l'opération: En général on commencera à Biskra, à la porte du désert pour remonter vers le nord. Le malheur, c'est que l'on méprisera toujours les insurgés et leur organisation.
Alors les troupes arriveront. Cela fera du bruit. Les officiers s'installeront au Transat de Biskra, le seul hôtel confortable où le whisky soit glacé. Le confort avant tout. Et on discutera au bar, entre militaires de bonne compagnie, sans précautions avec des airs de matamore.
Au dessert le pauvre boy, au visage basané et à la veste blanche, qui a passé les whiskies, les plats, le café et le dessert connaîtra aussi bien l'opération que le commandant en chef. Lorsque après le coup de l'étrier pris au bar, les officiers bien douchés iront se coucher de bonne heure, le garçon de restaurant ou le barman si stylé du Transat renseignera le responsable de l'organisation à Biskra. Dans la nuit, les bandes de l'A.L.N. seront au courant.

Et même si, ce jour-là, on se méfiait des oreilles indiscrètes, les colonnes qui s'ébranleront au petit matin dans un bruit d'enfer signaleront leur présence aux guetteurs placés aux points stratégiques de l'Aurès. Dans le moins bon des cas, les hommes de l'A.L.N. connaîtront les, positions exactes des Français vingt kilomètres à l'avance. Alors l'A.L.N. décrochera, se dissimulera dans les caches qu'aucun des soldats peu familiarisés avec ce terrain hostile ne pourra trouver. On jouera la comédie. Les armes disparaîtront dans les caches, les hommes de l'A.L.N. se transformeront en paisibles bergers, ne parlant que le chaouïa, un peu abrutis, un peu sournois, dont il n'y aura rien à tirer et que l'on méprisera. A l'arrivée on n'aura rien trouvé et l'armée se couvrira de ridicule non seulement devant le F.L.N. mais surtout, et ce sera le plus important, devant la population. Car ces villages attentistes qui n'auront pas encore pris parti se demanderont si réellement on doit avoir confiance en cette France dont les militaires si bien armés, si bien équipés, sont si naïfs.
ratissage pendant la guerre d'algerie
ratissage pendant la guerre d'algerie
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Ratissages, embuscades